La Pastorale Maurel
Ecrite en Provençal Maritime, la « Pastorale Maurel » a été créée en 1844 à Marseille, au Cercle d’Ouvriers, par Antoine Maurel (1815 –1897).
Antoine Maurel était un philanthrope. Après avoir exercé différents métiers manuels, il fut comptable puis Directeur du Dépôt de Mendicité.
Il s’est inspiré de l’Evangile selon Saint LUC : « Les bergers qui gardaient leur troupeau furent avertis par des Anges de la naissance du Seigneur », prenant la liberté de situer la Nativité en Provence. Les bergers préviennent à leur tour les gens du village qui s’étonnent, doutent, et après maintes péripéties se retrouvent à la Sainte Etable, s’émerveillent devant l’enfant JESUS et lui offrent des présents. Les personnages sont ceux de la crèche. Dans le feu des répliques, des chants, des musiques, certaines adaptées des Noëls de Nicolas SABOLY (XVII ème siècle).
Copiée ou imitée à maintes reprises la « MAUREL » reste la Pastorale la plus populaire. Elle est interprétée durant tout le temps de Noël et, jusqu’à la Chandeleur. Elle donne vie aux santons des crèches pour célébrer la Nativité, et constitue une des traditions incontournables des Fêtes Calendales.
ACTE 1
Le réveil des bergers
La nuit est paisible dans les collines autour de Betelèn, petit village provençal. Trois bergers, Micoulau, Jaque et Matiéu dorment et gardent leur troupeau. Le veilleur est troublé par un chœur céleste. L’ange Gabriéu, messager de Diéu, leur annonce la naissance du Messie dans une étable proche et leur demande de lui porter des présents. D’autres bergers sont informés, et sur des notes entrainantes du « despachen-si » (hâtons nous), tous partent vers la bourgade répandre la bonne nouvelle. L’aveugle, guidé par son fils Simoun, pleure depuis dix ans la disparition de Safourian, son cadet qui lui a été enlevé. Lou Boumian règne en maître sur la contrée, vivant de vols ; il forge à son école son fils Chicoulet. Barnabèu, le meunier très heureux, descend de la colline ; il est fier de son âne et vante ses exploits. Pimpara, le remouleur, effectue toujours sa besogne en chantant et en « sifflant » le contenu de sa gourde. Enfin, Pistachié, valet de ferme bien peureux, ne retrouve plus son chemin. Jigèt, un autre valet, affecté d’un lourd bégaiement pourrait lui venir en aide, mais trop tard ! Pistachié est déjà pris au piège du Boumian qui lui propose un étrange marché : lui acheter son ombre, autant dire, son âme.
ACTE 2
Le réveil des vieux
Le hameau dort encore. Dans l’aube naissante montent les accents du « vèni d’aussi de voues ». Bergers et villageoises commentent leur nuit bouleversante. Avant de prendre le chemin de Betelèn, indiqué par l’Ange, ils décident de réveiller Roustido, un vieux célibataire jovial, sachant bien qu’il ébruitera à son tour la nouvelle. Le bohémien, intrigué par ce qui se trame, sent ses pouvoirs magiques lui échapper. Esseulé, Roustido réveille, non sans mal, son voisin et compagnon d’agapes Jourdan. Et que fait-on de Margarido? C’est que l’épouse de Jourdan n’est pas très commode… scène de ménage et réconciliation. Le chemin s’annonce long et fatigant pour les séniors ; on songe alors à faire une halte pour déjeuner à la ferme de Benvengu, gendre de Margarido et Jourdan.
ACTE 3
La ferme
A mi-chemin de Betelèn, voici le mas de Benvengu. Jeune veuf qui puise dans le vin la consolation du départ prématuré de sa jeune femme. Il est le maître des lieux ; Pistachié et Jigèt sont ses employés. Remontant de la cave moyennement éméché, il s’inquiète du retard de Pistachié qui vient d’échapper au Boumian. Avec Pimpara et Jigèt, on essaie d’éclaircir une situation bien embrouillée. Et voilà qu’arrivent Barnabè suivi des anciens fatigués, mais prêts à reprendre des forces. Autour d’une table abondamment garnie, le rosé de Saint-Julien les Martigues coule à flots, les chansons à boire se succèdent. Et on oublie le principal. L’intervention de l’Ange est nécessaire pour convaincre tout ce petit monde, haut en couleur, de reprendre le chemin de l’étable après que Pistachié ait goutté à la fraicheur de l’eau du puits !
ACTE 4
L’adoration
L’abri est bien rustique et cependant c’est là que le valet d’étable, « Lou ravi », découvre un nouveau né qui dort entre son père et sa mère : la Sainte Famille. Tounin, petit fils de Margarido et son ami Doumenico sont les premiers arrivés à la crèche. Ils sont suivis par les bergers, les villageois et tout ce petit monde de « santons ». Chacun à sa façon offre ses présents et chante ses louanges à l’enfant qui vient de naître. Jourdan et Margarido promettent de ne plus se chamailler. Premier miracle, l’aveugle retrouve la vue et reconnait en Chicoulet son fils Safourian. Le bohémien se convertit et jure de quitter sa vie d’aventurier pour devenir honnête. Second miracle, Jigèt s’exprime sans embarras, il ne bégaie plus. L’adoration s’achève dans l’allégresse. Le chœur final est un hymne de gloire à celui qui a dit : « Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté ».